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28 août 1963
Je fais un rêve

Martin Luther King
Le rêve assassiné

Le 28 août 1963 se déroule la Marche de Washington pour le travail et la liberté. Le pasteur y prononce son discours emblématique au pied du mémorial Lincoln, devant 250000 personnes : «I have a dream ».
Son rêve prend lentement forme... Le 2 juillet 1964 est signé le Civil Rights Act déclarant illégale la discrimination sur la race, la couleur, le sexe ou la religion.

Le discours de Martin Luther King

je fais un reve-martin luther king
L'apothéose du 28 août 1963 couronne les événements qui ont jalonné l'été 1963. Depuis que le 11 juin, John Kennedy a annoncé une nouvelle proposition de loi sur les droits civiques, un frisson parcourt les Etats-Unis. La Maison
Blanche semble avoir entendu le cri jailli du silence de Birmingham. Militant infatigable, le doyen des leaders noirs, A. Philip Randolph, propose alors une marche sur Washington qui, dans une action éblouissante de clarté, réunirait toutes les forces dispersées du pays. Pour la première fois de leur histoire, les Noirs lancent une offensive sur une interminable ligne de front. Cet appel qui retentit aux quatre coins l'Amérique éveille également la conscience assoupie des Blancs. Ce sont ainsi plus de 250 000 personnes qui se rassemblent devant le mémorial à Abraham Lincoln. C'était une armée sans fusils mais non sans force, commente Martin Luther King. Les Eglises blanches, d'ordinaire si discrètes, participent à cette manifestation... que John F. Kennedy, lui-même, a encouragée. « Nous n'avions aucune haine, nous avions [...] la passion de la liberté. Nous nous tenions là, debout, face à
M. Lincoln, face à nous, mêmes, face à notre propre destinée
», ajoute le pasteur qui, pour clore l'événement, s'avance vers la tribune.
Son discours, il l'a préparé dans une chambre d'hôtel, la nuit. Entre ses doigts, quelques notes dont il s'éloigne lorsque lui revient en mémoire la phrase qu'il a prononcé, au mois de juin précédent, à Detroit: « Je fais un rêve...»
Du coup, il repousse son manuscrit et improvise: Je rêve qu'un jour, sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité. [...I Je rêve que mes quatre petits enfants vivront, un jour, dans un pays où ils ne seront pas jugés à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère...

Martin Luther King, prix Nobel de la Paix

Le 14 octobre 1964, Martin Luther King est élu prix Nobel de la paix. Il accueille cette distinction comme la reconnaissance de la légitimité de son combat par la communauté internationale. J'accepte le prix aujourd'hui avec une foi immuable en l'Amérique et une foi hardie en l'avenir de l'humanité. [...] J'accepte ce prix au nom de tous les hommes épris de paix et de fraternité, martèle-t-il lors de la cérémonie du 10 décembre à Oslo. Dans le même temps, J. Edgar Hoover, le chef du FBI, que tant d'honneurs mettent au supplice, menace : Nous devons le marquer pas à pas [...] comme le Noir le plus dangereux pour l'avenir de ce pays.

La marche de Selma

martin Luther king et la marche de Selma
Martin Luther King organise toutefois la marche de Selma, le 25 mars 1965. L'enjeu était le droit de vote qui avait remplacé la question des transports publics dans l'esprit d'un vaste peuple avide d'avoir voix au chapitre de sa propre destinée». Après des dizaines de marches de protestation... et quelques centaines de morts, Johnson signe le Voting Rights Act, dispositions qui condamnent la ségrégation dans les lieux publics et protègent le droit de vote des Noirs.
Dans le quotidien, ces mesures s'apparentent à un leurre. S'il n'a rien perdu de son charisme, King convainc de moins en moins. Découragé, trahi, il radicalise alors ses positions et prône, maintenant, le partage du pouvoir. En 1967, il prend position contre la guerre du Viêtnam. Peut-il encore prêcher la non-violence dans les ghettos s'il ne condamne pareille hérésie? Amplement commentée, cette attitude provoque des dissensions au sein même de la SCLC. Elle déchaîne, par ailleurs, la suspicion du FBI... hanté par la phobie d'un téléguidage communiste.
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Les frères ennemis
Deux semaines après la Marche sur Washington, une charge de dynamite ravage une église baptiste de Birmingham. Quatre fillettes sont tuées. Anne Moody, une militante, s'emporte alors contre King: « Aussi longtemps que je vivrai, plus jamais je ne serai battue par un homme blanc. La non-violence, c'est fini ! »
Les principes d'une révolution pacifique défendue par Martin Luther King sont battus en brèche. Le président de la SCLC semble seul. Pour les siens, King fait de plus en plus figure d'oncle Tom.

Martin Luther King, le pauvre garçon, est sous l'influence des renards ou plutôt sous leur joug
, ironise alors Malcolm X, des Black
Muslims. Celui-ci, néanmoins, comprend que, comme lui, King s'attaque au système de la suprématie blanche. Et même s'il fait du principe d'autodéfense le préalable de toute action, il lui apporte souvent son soutien. En frère.